Autonomisation de la femme : Encore du pain sur la planche

 Autonomisation de la femme : Encore du pain sur la planche

Au Burundi la femme joue un rôle de premier plan dans l’économie des ménages et du pays.  Malgré son rôle, l’épanouissement et l’inclusion financière de la femme restent freinés par les barrières socio-culturelles. Le patriarcat, la discrimination basée sur le genre, l’exploitation sont quelques obstacles auxquels les femmes burundaises font face

Une réalité. Les femmes sont partout. Dans la fonction publique, le commerce, l’agriculture, etc. Pour une économie burundaise qui dépend du secteur agricole de plus de 90%, les femmes y contribuent énormément. En milieu rural, elles passent des journées dans des champs. En milieu urbain, surtout dans la ville de Bujumbura, elles sont dans le petit commerce. Elles sillonnent tous les quartiers pour écouler leurs produits. Cela à recherche de l’argent pouvant garantir les conditions meilleures d’existence à leurs familles. Malgré leur travail acharné, dans la plupart des cas, ces sont les hommes qui savourent les fruits.

Des chiffres qui ne sont pas rassurants

Selon le rapport de l’Institut de Statistiques et d’Etudes Economiques du Burundi (ISTEEBU) sur l’enquête démographique et de santé, édition 2017, 21% des femmes en union ayant été rémunérées décidaient principalement de l’utilisation de l’argent qu’elles gagnaient. Environ 74% des femmes en union ayant été rémunérées pour leur travail disent gagner moins que leur conjoint.

Les femmes font face à d’énormes difficultés pour accéder au crédit bancaire. Selon le rapport de la Banque Centrale (2015) sur l’offre de services financiers formels au Burundi, le taux d’inclusion financière des femmes était respectivement de 30,3%, 28,3% en 2014 et 2015. Cela au moment où celui des hommes représentait 69,7% et 71,7%.

En 2018, les femmes étaient moins nombreuses que les hommes à accéder au crédit. 3,06% de femmes contre 8,47% d’hommes. La raison est que seulement 12,07% des femmes avaient un compte bancaire contre 32,63% des hommes.

Le patriarcat, l’autre mal

Les résultats d’une étude commanditée par l’organisation Search For Common Ground sur l’analyse des barrières culturelles à l’autonomisation économique des femmes au Burundi (2020) montrent que le patriarcat reste un défi de taille dans la société burundaise. Il limite la perception du rôle des femmes en tant qu’individus autonomes capables de prendre des décisions par et pour elles-mêmes. Les actions et les aspirations des femmes sont restreintes et influencées par leur environnement social. Cette même étude montre que le patriarcat limite également les hommes, particulièrement ceux qui tentent d’inverser la tendance.

La femme burundaise n’a pas encore le droit à la terre. Ce qui constitue un obstacle majeur pour son épanouissement économique. Le projet de loi sur la succession de la femme préparée depuis 2004 n’est pas jusqu’actuellement adopté et est mis aux oubliettes.

Des efforts ont été consentis

Malgré la persistance des défis, des efforts ont été consentis depuis des années pour hausser l’inclusion financière de la femme. La Constitution du Burundi et quelques autres textes légaux garantissent la place de choix donnée aux femmes. Prenant en compte le genre, la Vision Burundi 2025 considère la femme comme un acteur incontournable dans tous les secteurs de la vie nationale. Dans le Programme National de Développement (PND) 2018-2027, un accent particulier est mis sur l’élimination des inégalités et des exclusions liées au genre. Le gouvernement a également mis en place une politique nationale genre 2012-2025.

Récemment, en mars 2022, la Banque d’Investissement et de Développement pour la Femme (BIDF) a vu le jour dans la ville de Gitega au centre du Burundi. C’est dans le cadre de soutenir l’autonomisation de la femme notamment dans l’accès aux crédits avec des taux d’intérêts faibles.

L’étude de Search For Common Ground recommande de développer des activités de soutien individuel aux femmes, suivre l’amélioration de leur situation et atténuer les obstacles et les menaces. Elle recommande également de développer des activités de base de sensibilisation et de conscientisation de la population en général. Un programme de sensibilisation ambitieux et continu semble être indispensable.

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