Cancer du sein : des chiffres alarmants
Le cancer du sein est le plus fréquent au Burundi. Les chiffres de Bujumbura Pathology Center sont éloquents. L’autopalpation régulière des seins et le diagnostic précoce sont recommandés pour prévenir cette maladie.
Une femme sur douze développe un cancer du sein au cours de sa vie, selon l’OMS. Plus de 2,2 millions de cas ont été recensés en 2020. C’est la première cause de mortalité par cancer chez les femmes. Environ 685 mille femmes sont décédées de ce cancer en 2020.
Malgré l’absence des statistiques au niveau national, les chiffres enregistrés par Bujumbura Pathology Center (Bujapath), un centre de dépistage et diagnostic du cancer, sont alarmants. Sur 127 biopsies mammaires (examen permettant d’établir le diagnostic d’un cancer du sein), 89 ont été positifs entre janvier et mi-octobre 2022, soit 70%. De 2019-2021, 164 cas de cancer du sein ont été enregistrés par ce centre, révèle Dr Chamy Mikaza, médecin prestant au Bujapath.
Dr Chamy Mikaza distingue deux types de facteurs à l’origine du cancer du sein : les facteurs modifiables et non modifiables. Pour les premiers, elle précise les conditions de vie, entre autres l’obésité, l’inactivité physique, l’alcool, le tabagisme, etc.
Pour les seconds, elle cite notamment ceux qui sont génétiques. S’il y a eu des cas de cancer du sein dans la famille, cela prédispose au cancer du sein. Le traitement à la base de l’œstrogène est également un autre facteur. Avoir les règles menstruelles avant 12 ans, les grossesses tardives ou l’absence de grossesse sont d’autres facteurs de risque au cancer du sein.
Des défis à relever
Le Burundi rencontre des défis dans sa lutte contre le cancer. Le pays ne dispose que de deux centres de diagnostic, le BUJAPTH et le Centre de l’Hospitalo-Universitaire de Kamenge. Il y a un centre de prise en charge des malades au Centre Hospitalo-Universitaire de Kamenge, un autre au Tanganyika Care Polyclinique et un troisième au Centre Médico-Chirurgical de Kinindo (CMCK). En outre, le Burundi dispose seulement de deux anatomopathologistes.
« Il y a aussi cette mentalité burundaise qui nous empêche de nous faire soigner précocement. Les Burundais ont tendance à attendre les signes d’une maladie. Le cancer est une maladie silencieuse qui se développe lentement et ses signes cliniques se voient très tardivement », explique Dr Mikaza.
Nombre de Burundais ne savent pas encore que les examens se font actuellement au Burundi. Dr Mikaza estime que la sensibilisation pourrait changer la donne : « S’ils étaient suffisamment sensibilisés à l’importance du diagnostic précoce, ils pourraient faire ces examens.»
L’autopalpation des seins est recommandée par Dr Mikaza : « Les femmes doivent se palper les seins au moins une fois le mois.» En cas de signes suspects sur le sein, elles doivent prendre rendez-vous pour une consultation médicale. Ces signes peuvent être des mamelons enfoncés, des bosses, des liquides inhabituels, des fossettes, des lésions, des veines grossies, des modifications de forme ou de taille, etc.
Dr Chammy Mikaza a fait savoir que le gouvernement prévoit de mettre en place un centre national de référence de lutte contre le cancer. Il aura tous les moyens possibles de diagnostic et de prise en charge du cancer.
Signalons que les hommes sont aussi concernés par le risque de développer un cancer du sein. 1 homme sur 1000 peut développer un cancer du sein