Des conditions de travail indécentes pour les balayeuses de rue

Photo : Yaga
Des salaires dérisoires, des retards dans le payement, du matériel non adapté, du travail sans contrat et sans protection sociale, entre autres défis auxquels font face les femmes balayeuses de rue dans la mairie de Bujumbura. Elles réclament de meilleures conditions de travail.
Nous sommes lundi 2 janvier. Il est 11h 30 en plein centre-ville de Bujumbura. Sous un soleil de plomb, dos courbés, trois groupes de femmes, avec des balais traditionnels et courts, balayent la Chaussée du Prince Louis Rwagasore. L’une sur un trottoir de la route. Une collègue sur un autre. Ce ne sont pas les seules. Embauchées par la maire via les coopératives, elles sont des centaines à s’activer, tous les jours, pour rendre propres nos rues.
Isidonie Bukuru, à l’aide d’un balai court, termine sa partie. Elle est sur le point de rentrer. Cette quinquagénaire nous informe que leur travail débute à 7h30 pour se clôturer à 12h.
Selon Mme Bukuru, les balayeuses de la mairie de Bujumbura font face à de nombreux défis durant leur travail. Travaillant 4h par jour, le salaire est dérisoire. Elles ne touchent que 2500 BIF par jour, soit 75 mille BIF par mois. « Il y a cinq ans que je fais ce travail. Notre salaire n’a jamais été revu à la hausse. Même celles qui sont plus anciennes que nous touchent ce salaire », se désole-t-elle. Pire encore le retard dans le paiement des salaires les enfonce dans la précarité. « Nous pouvons passer plus de 2 mois sans percevoir notre salaire », affirment les femmes que nous nous sommes entretenues. Plus d’une ont affirmé qu’elles ont reçu le salaire d’octobre 2022 au mois de décembre 2022. Et d’ajouter qu’elles ont passé les fêtes de fin d’année sans percevoir le salaire de décembre 2022.
A.N., une habitante de Sororezo, indique mener une vie difficile pour entretenir sa famille de plus de 10 personnes (6 enfants et 3 autres qu’elle élève). Avec un mari incapable de travailler depuis 6 ans suite à une maladie, A.N. ne parvient pas à nourrir toutes ces personnes. « On ne mange que le soir. On ne prépare pas le déjeuner. Les enfants se débrouillent seuls ». Elle s’endette pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille.
Outre ces défis, ces femmes utilisent des outils inadaptés. Ce sont des balais traditionnels et souvent courts. L’usage de ces balais peut, à la longue, leur causer des maux de dos. « Obligée de me courber, je souffre souvent de la grippe répétitive », ajoute Isidonie Bukuru. De surcroît, ce sont ces femmes qui se procurent leur outil de travail par leurs propres moyens. « Par mois, on achète deux balais ».
Les balayeuses n’ont pas de contrat de travail. Elles ne bénéficient ni de protection sociale ni d’assurance maladie. Elles demandent de meilleures conditions de travail, notamment la hausse du salaire, un contrat de travail et d’autres avantages qui en découlent.
Au service chargé de la communication à la mairie de Bujumbura, l’on fait savoir que les coopératives dans lesquelles elles sont membres sont censées gérer leurs problèmes. Pourtant, en septembre 2022, la mairie de Bujumbura s’est félicitée d’avoir appuyé ces femmes balayeuses de rue. Ces femmes reçoivent 200 BIF par jour et par personne dédiés à la mutualité pour se faire soigner en cas de maladie. Ce montant est jugé modique par les concernées.