Femmes rurales : des avancées rimant avec des défis

Le 15 octobre de chaque année le monde célèbre la journée internationale de la femme rurale. Une journée mettant en valeur le rôle de ces vaillantes dans le développement économique des familles et des pays. Au Burundi, malgré son rôle dans le bien-être des familles, la femme rurale reste confrontée à nombre de défis.
Dans un Burundi où plus de 90% vivent de l’agriculture, les femmes jouent un rôle incontournable dans l’économie du pays. Outre les travaux ménagers, elles passent des journées dans les champs. Une étude de la FAO montre que 97,4% des femmes exercent dans ce secteur primaire qui rapporte, en valeur ajoutée, plus de 50% du PIB.
L’ONU confirme la contribution inestimable des femmes rurales au développement des nations. « Les femmes et les filles jouent un rôle majeur et de plus en plus reconnu dans la pérennité des foyers et des communautés en zone rurale. Elles constituent une large part de la main d’œuvre agricole et effectuent la grande partie des tâches domestiques, etc. Elles contribuent aussi à la sécurité alimentaire et à la nutrition, à la gestion des terres, etc. »
Des avancées enregistrées
Certaines avancées sont enregistrées en ce qui de la femme rurale au Burundi, estime Foi en Action, une organisation intervenant dans l’encadrement des femmes rurales. Jacqueline Nshimirimana, chargée des programmes au sein de cette organisation, explique que, sur plusieurs collines, des groupements de solidarité composés de plusieurs femmes ont été mis en place par différentes organisations. Ce sont des groupes d’épargne et de crédit. Dans ces groupements, des renforcements de capacités socio-économiques dans le leadership, la gestion des conflits, l’entrepreneuriat… sont également introduits. A travers ces groupes, Mme Nshimirimana assure que les femmes trouvent l’occasion de s’exprimer en public.
L’accès à la terre, un casse-tête
Malgré des avancées, la femme rurale est encore confrontée à plusieurs défis, notamment la charge mentale ménagère qui associe le travail reproductif au travail productif, fait savoir Mme Nshimirimana. En plus des travaux champêtres, la femme rurale s’occupe aussi des travaux ménagers, comme faire la cuisine, veiller à l’éducation des enfants, aller puiser l’eau, etc.
Malgré leur prédominance dans l’agriculture, elles n’ont pas accès à la terre. Dans la plupart des cas, la terre appartient aux hommes qui sont les chefs de familles. De surcroît, elles ne peuvent pas jouir du fruit de leur travail souvent mis sur le marché par leurs maris.
L’autonomisation de la femme demeure un autre défi de taille. Peu de femmes ont accès au crédit parce que peu disposent d’un compte bancaire. Selon le rapport de la Banque Centrale (2015), sur l’offre de services financiers formels au Burundi, le taux d’inclusion financière des femmes était respectivement de 30,3% et 28,3% en 2014 et 2015 contre 69,7% et 71,7% pour les hommes.
Avec la mise en place de la Banque d’Investissement et de Développement des Femmes (BIDF) qui a démarré ses activités en avril 2022, la situation pourrait s’améliorer. Néanmoins, basée à Gitega, cette banque reste éloignée des femmes rurales pouvant mettre en œuvre des projets de développement. Pour se rapprocher ses services de la population, la BIDF envisage d’ouvrir des agences et des guichets dans toutes les provinces du Burundi et de développer le mobile money.
En donnant aux femmes les mêmes chances qu’aux hommes, l’ONU estime que la production agricole pourrait augmenter de 2,5 à 4 % dans les régions les plus pauvres et réduire le nombre de personnes souffrant de malnutrition de 12 à 17 %.
La chargée des programmes au sein de Foi en Action propose une forte sensibilisation sur la masculinité positive. Et ce pour que les hommes comprennent l’importance de partager les travaux ménagers avec leurs conjointes.