L’entreprenariat au féminin : un pari gagnable

Près de 30% des entrepreneurs sont des femmes, selon le rapport par le Réseaux des Institutions des Microfinance (RIM) publié en 2022. Le courage et l’audace sont les facteurs de la réussite des femmes dans l’entreprenariat.
Oda Nduwayezu, entrepreneuse de 25 ans, confie que le courage et l’audace lui ont permis de prospérer. Créatrice d’une entreprise qui transforme les déchets en combustibles solides en commune Gitega, elle révèle que le manque de capitaux est un frein qui empêche la femme d’atteindre l’indépendance financière. Toutefois, cette jeune diplômée en sciences économiques de l’Université du lac Tanganyika assure qu’il suffit de se lancer avec peu de moyens : « Au début, je n’avais pas de moyens, mais comme mon projet était bien élaboré, ma mère m’a donné 35 mille BIF sur son salaire modeste de maîtresse d’école. Et c’est ainsi que j’ai commencé. » Après 9 mois d’activités, dit la jeune femme, elle s’est rendue à la Banque pour l’Investissement des Jeunes (BIJE) pour expliquer son projet : « La BIJE est venu me rendre visite sur le terrain et c’est ainsi que j’ai obtenu un crédit de base de 24 millions BIF.» Aujourd’hui, après six mois de production, Oda fait savoir qu’elle est à 47% de remboursement du crédit contracté sur une échéance de deux ans. Elle signale qu’elle compte étendre son projet dans d’autres provinces et former d’autres jeunes chômeurs qui le souhaitent. Son entreprise compte emploie aux 14 jeunes salariés.
« Un bon projet ne peut pas manquer de financement, » déclare Christa Bella Ndayikengurukiye, qui a emprunté le même chemin qu’Oda en investissant dans la culture et la transformation du soja en commune Giheta de la province Gitega. Elle a créé une coopérative pour travailler en synergie avec d’autres jeunes et des cultivateurs du soja. Malgré des moyens modestes à ses débuts, elle est parvenue à convaincre d’autres jeunes d’adhérer à son projet. Lors de la compétition provinciale des projets organisée par le Programme d’Autonomisation Economique et d’Emploi des Jeunes (PAEEJ) en octobre dernier, le projet de Christa Bella a été sélectionné parmi les cinq meilleurs. Comme récompense, elle a obtenu un financement de base de 10 millions BIF remboursable sans intérêt. « Cela a été une grande motivation pour continuer » a-t-elle expliqué. Actuellement la coopérative embauche une douzaine de salariés à temps plein et une vingtaine de journaliers. Christa Bella cherche de bonnes semences du soja pour distribuer aux agriculteurs. Et au moment de la moisson, sa coopérative achète toute la récolte pour sa transformation. Elle produit du lait de soja, des pâtes et d’autres produits comestibles.
BIJE et PAEEJ encouragent les filles et femmes à entreprendre
Selon Sixte Niyuhire, administrateur directeur général de la BIJE, il faut un renforcement des capacités des femmes. Il observe que les femmes et filles, surtout du milieu rural, ne sont pas assez formées dans l’élaboration des plans bancables pour être crédibles auprès des banques. « Nous avons mis en place un service clientèle disponible 24/24 pour aider à la correction des projets déposés par les femmes. » révèle M. Niyuhire.
Désiré Manirakiza, coordinateur du PAEEJ, a affirmé aussi que la structure qu’il dirige continuera à renforcer les capacités des jeunes femmes dans l’élaboration des projets. Et si nécessaire, ce programme va se porter garant des projets bien élaborés pour leur financement par la banque des femmes ou celle des jeunes.
Au Burundi, les femmes se lancent moins souvent dans l’entreprenariat que les hommes. Seules 28 % des entrepreneurs sont des femmes, selon le rapport par le Réseaux des Institutions des Microfinance (RIM) publié en 2022. Ce rapport révèle que les différences entre femmes et hommes, dans l’entrepreneuriat, semblent être liées aux stéréotypes de genre. Les femmes reçoivent souvent d’autres formes de financement : le crédit agricole, le crédit commercial, le crédit petit équipement et celui issu des groupes de solidarité communautaire, constate le rapport de RIM.