Rumonge : les femmes musulmanes brisent un tabou pour gagner leur vie

 Rumonge : les femmes musulmanes brisent un tabou pour gagner leur vie
Elles sont de plus en plus actives, notamment dans le commerce des draps. Elles se disent fières de pouvoir subvenir aux différents besoins de leurs familles.

« Une musulmane devrait rester à la maison pour s’occuper de l’éducation des enfants et attendre tout de son mari comme le dit bien le Coran »,  insiste une octogénaire musulmane rencontrée dans le quartier Swahili de la ville de Rumonge.

Les femmes de ce quartier sont aujourd’hui très actives dans le petit commerce.  Ce sont des veuves, des célibataires, des divorcées ou des femmes dont les maris n’ont plus de revenus pour satisfaire les différents besoins d’un ménage.

M.A., une commerçante musulman,  indique avoir brisé le tabou après que son mari, chauffeur dans une entreprise, a perdu son emploi en 2015 : « Je me suis décidée à vendre des draps que je brodais moi-même. Je parviens à payer les études de mes enfants, à faire vivre et à soigner ma famille. Nous sommes désormais respectés dans la communauté, contrairement aux années précédentes où ma famille avait basculé dans un ’état de dénuement.»

H.F., une veuve musulmane vient de passer plus de 10 ans dans le commerce des draps. Elle se dit fière d’avoir été parmi les premières femmes musulmanes à vendre des draps sur la route menant au Port de Rumonge. Mes débuts ont été difficiles, confie-t-elle,  j’étais incomprise par d’autres femmes qui m’accusaient de fouler au pied ce que le Coran prescrit. Après la mort  de son mari, elle dit avoir pris le taureau par les cornes pour faire vivre ses 6 enfants.

« Des défis entravent leur activité »

Grâce aux conseils d’une amie, elle a commencé à vendre des draps dans la rue, malgré les critiques qui fusaient de partout. Par la suite, elle a initié des jeunes filles et femmes de son quartier  au commerce. Aujourd’hui, des jeunes filles sont rémunérées pour broder des draps.

Le non accès aux microcrédits des établissements financiers empêche leur commerce d’évoluer. Elles travaillent sous la pluie et sous un soleil accablant. Ce qui nuit à leur santé et impacte a qualité de leur produit de vente.

Elles demandent d’avoir un encadrement pour se regrouper en association. Ainsi, elles seront à même de mieux se défendre et de réclamer des stands pour étaler leurs produits en toute sécurité.

Jérémie Bizimana, administrateur communal de Rumonge, a annoncé que cette question sera soumise au conseil communal. L’idée est d’installer un petit marché près du port de Rumonge pour faciliter la  vente de leurs produits. La majorité de leurs clients sont des ressortissants des pays voisins, dont la Tanzanie et la RDC.

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