Site Sobel : les sensibilisations sont urgentes pour limiter les naissances

Au Burundi, le niveau d’utilisation des méthodes contraceptives est encore bas. Il l’est encore dans les sites des déplacés entre autres le site Sobel. Dans ce site où sont regroupés les victimes des inondations de Gatumba, le recours aux méthodes contraceptives n’est pas satisfaisant. Des sensibilisations de masse sont importantes pour inverser la tendance
Le taux d’utilisation des méthodes contraceptives se pointait à 36,4 % en 2020. Si le taux est à un niveau bas au niveau national, il l’est encore plus dans les sites des déplacés, en l’occurrence celui de la Société Burundaise d’Elevage (Sobel) située dans la zone Maramvya de la commune Mutimbuzi en province de Bujumbura. Dans ce site où sont regroupés plus de 1500 ménages victimes des inondations de Gatumba depuis 2021, le niveau de fécondité ou de grossesses non désirées est plutôt élevé. La majorité des filles ayant 16 ans ont déjà mis au monde. « Il y a même des mineures de 14 ans qui ont actuellement des enfants », déplore une femme rencontrée sur place. Il suffit de se rendre au structure de soins installée dans ce site pour constater la gravité de la situation. Plusieurs jeunes filles font la queue pour les soins de leurs enfants.
« Le recours aux méthodes contraceptives n’est pas satisfaisant »
Le recours aux méthodes contraceptives n’est pas satisfaisant selon un agent de santé qui preste dans une structure de soins installée à l’intérieur de ce site.
M.N, quadragénaire et mère de 6 enfants ne sait pas encore comment ses deux derniers enfants sont nés. « Nous pensions que nous avions déjà mis fin à la conception d’autres enfants mais, comme nous ne recourions plus aux méthodes contraceptives, je me suis retrouvée enceinte et j’ai mis au monde deux jumeaux sept ans après la naissance du précédent enfant». Un d’entre eux est né avec une malformation physique.
Cette femme explique mener une vie difficile. Avec son mari actuellement handicapé suite à une maladie, c’est elle seule qui doit se démener pour nourrir ses enfants avec de risques d’en manquer. « Nous pouvons passer toute une journée sans mettre quelque chose sous la dent », affirme son mari, ancien pêcheur actuellement inactif.
Avec une vie difficile liée surtout à la pauvreté, les filles sont la proie facile des hommes et se retrouvent avec des grossesses non désirées. Le constat est que les ménages comptent beaucoup d’enfants, affirme Anatolie Gafurege, mère de dix enfants. Cette femme qui est actuellement agent de santé communautaire a pris la décision de recourir aux méthodes contraceptives pour arrêter de mettre au monde. A cet effet, elle sensibilise les autres femmes à recourir aux méthodes contraceptives traditionnels ou modernes.
Le manque d’informations, un défi de taille
Le manque d’informations sur la santé de la reproduction, entre autres sur les méthodes contraceptives est un défi de taille pour les déplacés du site Sobel selon Dr Aline Arakaza de l’Organisation Global Peace Chin Burundi. Les rumeurs sur les effets secondaires (rendre les femmes stériles) empêchent les femmes à recourir aux méthodes contraceptives. A cela s’ajoutent les barrières socio-culturelles dont les croyances religieuses qui ne favorisent pas le recours à ces méthodes. La non adhésion des hommes empêchant leurs femmes à recourir à ces méthodes y contribuent aussi.
Pour faire face à ces défis, différentes organisations, entre autres Global Peace Chin Burundi mènent des sensibilisations dans le site site Sobel sur la santé de la reproduction. Via la Clinique Mobile de la Maison des Jeunes, Global Peace Chin Burundi organise des campagnes de santé à travers lesquelles des sensibilisations de masse et des focus groupes sont menées. Egalement à travers ces campagnes, les familles vivant dans ce site bénéficient des méthodes contraceptives gratuites. Et les résultats sont positifs. Des familles s’engagent à recourir à différentes méthodes de contraceptions traditionnelles ou modernes pour limiter les naissances. Grâce aux sensibilisations, les hommes s’y sont beaucoup intéressés et certains se sont engagés à y recourir. « Certains ont même demandé de faire le planning vasectomie », affirme Dr Arakaza. C’est le cas de Paul Baranzira, âgé de 61 ans et père de 6 enfants. Il vient de décider de faire la vasectomie. Je n’ai pas de moyens pour élever d’autres enfants.
Selon l’enquête démographique de santé (EDS) 2016-2017, 29 % des femmes en union utilisaient une méthode contraceptive dont 23 % une méthode moderne et 6 % une méthode traditionnelle. 97 % des femmes et des hommes ont déclaré avoir déjà entendu parler d’une méthode contraceptive. Les méthodes traditionnelles sont moins connues que les méthodes modernes. Les implants (94 %) suivis des injectables (93 %), de la pilule (93 %) et du condom masculin (93 %) sont les méthodes les plus connues par les femmes.